À Alang dans l’État du Gujarat, trois personnages singuliers, sans lien entre eux, se croisent. Un Français tente d’oublier la disparition brutale de sa jeune épouse. Une journaliste américaine enquête sur les conditions de travail inhumaines des ouvriers qui démantèlent les navires occidentaux au rebut, bourrés d’amiante. Sur ce chantier travaille un jeune musulman – dont la famille a été sauvagement décimée lors des émeutes de 2002 – manipulé par un groupe terroriste islamiste. Leurs destinées convergent vers un drame dont chacun sera acteur à sa manière.
Dans ce court et intense roman sur fond des attentats de 2008 à Bombay, Erik Emptaz décrit une Inde contrastée, fascinante et inquiétante, entre modernité et misère. Il met l’accent sur cette dualité permanente dans de brefs chapitres aux titres imagés. Au-delà de l’intérêt de l’intrigue, dont les héros sont peut-être un peu stéréotypés, l’ouvrage frappe par le ton engagé, par les réflexions sur des questions d’actualité toujours brûlantes, et un style très soigné. Le journaliste (1981, NB juillet 2007) privilégie le détail minutieux, le mot juste, souvent brutal, les descriptions réalistes et un certain sens de la mise en scène.