Très amoureux, et passant outre leur différence de classe, Almah et Wilhelm se marient à Vienne en 1932. L’une dentiste, l’autre journaliste, ils vivent des années d’heureuse insouciance malgré la montée de l’antisémitisme. À la naissance de leur fils, fuyant l’invasion allemande et les pogroms, ils s’exilent en Suisse. Mais, après un an en camp de réfugiés, la perspective d’un avenir aussi sombre qu’incertain les incite à accepter l’offre de la République Dominicaine, malgré la dictature. Grande voyageuse, Catherine Bardon nous entraîne dans une imposante fresque romanesque inspirée de faits réels. Elle fait d’abord renaître la vie joyeuse d’une Vienne ivre de liberté et de créativité, sourde aux menaces nazies puis sidérée par la violence des évènements. La nouveauté du sujet vient de l’exil en terre dominicaine où se crée une petite communauté d’expatriés occidentaux. À travers le jeune couple juif, l’auteur retrace l’itinéraire de citadins confrontés à la nature et au climat tropical, et mis au défi de créer un kibboutz alors qu’ils ignorent tout de l’agriculture. On suit, dans une narration très sage, l’évolution de nombreux personnages, leur perte de repères, leur solidarité, et l’espoir en cette nouvelle vie. C’est un premier roman généreux, d’une lecture agréable, mais un peu long. (M.R. et A.le.)
Les déracinés
BARDON Catherine