Les derniers jours de Mandelstam

KHOURY-GHATA Vénus

Déporté en 1934 pour avoir écrit entre autres que Staline est « l’assassin et le mangeur d’hommes », le poète Ossip Mandelstam est mourant. Sur sa couche en bois, il souffre du typhus, il est à moitié fou. De santé fragile, persécuté pour ses opinions, rejeté par ses amis, sa vie fut un enfer. Seule sa femme, Nadejda, le soutient avec amour dans les lieux où il fut successivement relégué, d’appartements communautaires en chambres misérables. Une faim lancinante, le froid glacial et la peur, voilà leur quotidien, mais rien ne lui fera abandonner l’espoir qu’un jour, après sa mort, ses poèmes seront publiés. Et ils le seront. Le livre est poignant, l’écriture de Vénus Khoury-Ghata (La fiancée était à dos d’âne, NB juillet-août 2013) superbe. Des phrases très courtes, mais une intensité dramatique, des images et des mots qui bouleversent autant qu’ils séduisent. C’est sur un poème de Mandelstam que l’on quitte cette tragique histoire de courage et de folie, d’amour et de mort. (V.M. et A.Be.)