La Cité radieuse, centre de création d’art contemporain, accueille en résidence plusieurs centaines de peintres, photographes, vidéastes, sculpteurs, poètes. Chaque artiste bénéficie, selon son mérite et l’originalité de son projet, d’un logement-atelier plus ou moins spacieux. Le lieu, une petite ville en soi, propose en permanence de multiples expositions et attire des amateurs, collectionneurs, élus et politiques. Cependant, les travaux présentés ne cessent de surprendre : vidéos incompréhensibles, photographies de patients hospitalisés, insectes mutants créés par un brillant généticien, poèmes inaudibles, cadres vides… suscitent les critiques les plus élogieuses comme les plus virulentes. Dans une écriture travaillée, lisse, parfaite, Adam Kebadjian imagine de toutes pièces une « cité » où se croisent des artistes dont la démarche créative vise à provoquer, bousculer les esprits, arracher un contrat. Chaque chapitre, consacré à l’une de leurs oeuvres, évoque les tourments générés par la création ou le besoin de reconnaissance. Les personnages passent et repassent au fil des pages, pétris d’angoisses ou totalement déconnectés de la réalité. Reflet satirique des milieux artistiques, ce premier roman, même s’il séduit d’abord par son humour, fourmille d’extravagances, et lasse bien avant de parvenir à la chute, qui reste obscure. (P.H. et C.-M.T.)
Les désoeuvrés
KEBABDJIAN Aram