Sortant d’un rêve, Joana se rend compte qu’elle a perdu les eaux. Elle n’est enceinte que de 7 mois, l’enfant sera petit mais viable, elle réveille son mari, ils partent à la maternité -les affaires sont prêtes depuis des mois. Mais l’examen révèle que le foetus est mort. Les rêves de Joana s’écroulent. Elle ne se sent pas le courage de l’annoncer à son mari, et préfère attendre l’après accouchement ; car vivant ou pas, le bébé doit sortir. C’est le début d’un parcours long et éprouvant pour le fragile psychisme de la jeune femme. Ce récit d’une parentalité avortée se double d’une plongée dans les coulisses de l’accouchement, dans l’efficacité rude et froide du monde hospitalier, soumis à des logiques qui ne sont pas celles des parturientes malmenées. Le compte-rendu méticuleux des heures passées à la maternité, oscillant entre la réalité nue et le ressenti de l’héroïne, se mue en une épopée tragi-comique qui pointe les aspects absurdes, sordides, ironiques de la situation. La folie guette dès les premières pages de ce roman envoûtant, derrière l’étrange déroulement de cette fin de grossesse. L’écriture sinueuse, parfois crue, souvent imagée, accompagne naturellement dans les méandres complexes du désir d’enfantement. (M.D. et C.B.)
Les eaux de Joana
ROMÃO Valério