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Par un torride dimanche d’été, un groupe de jeunes Madrilènes passe la journée au bord de la rivière Jarama. Baignade, pique-nique, petites disputes et gentils flirts… Près de là, dans une auberge accueillante, les habitués bavardent, se chamaillent, discutent sans fin. Menus propos sans importance, chronique de la vie quotidienne… De ces voix mêlées en une pittoresque cacophonie émergent peu à peu des personnalités marquantes et une peinture de la société des années cinquante, laborieuse et encore marquée par le souvenir de la guerre civile.
Auteur du conte philosophique, Le témoignage de Yarfoz (N.B. déc. 1991), Rafael Sánchez Ferlosio a reçu le prix Cervantès en 2004. À cette occasion, il a prononcé le discours qui figure en annexe de la réédition de cette oeuvre de 1956. Intitulé Caractère et destin, c’est un exposé subtil de sa conception de l’écriture romanesque : il considère que le caractère des personnages est révélé par leurs paroles. Ainsi son long roman est essentiellement composé de dialogues : un texte atypique, déconcertant, succession de petites phrases banales. Tout l’art est d’en faire surgir un microcosme débordant de vie.