Dans une maison du delta du Tigre, un lieu enchanteur proche de Buenos Aires, on découvre les cadavres d’un couple. Une enquête hâtive conclut au suicide. Léo, un juge perspicace, alerté par son amie Julia qui habite à proximité, est persuadé qu’il s’agit d’un meurtre. Les recherches font remonter au grand jour la sombre époque de la dictature militaire, du scandale des bébés volés à de jeunes parents exécutés. Sur fond de vengeance et de chantage, une troisième victime est prise au piège de manoeuvres crapuleuses où les salopards n’appartiennent pas toujours au passé. Plus encore que l’intrigue, c’est l’ambiance qui séduit. Dès les premières pages, lors d’une veillée funèbre, un regard bizarre, inquiétant, ouvre la porte à de brumeux souvenirs. Une sordide machination se met alors en place. Sur le delta, les barques glissent sur des canaux aux eaux troubles et boueuses à travers les roseaux et la jungle envahissante : un décor propice aux mystères. Alicia Plante y introduit un récit dominé par une haine aussi violente que la peur dans les années de pouvoir militaire. Les assassins n’ont aucun remords, mais l’Argentine n’oubliera jamais. Dans une construction un peu éclatée, une belle écriture pour un très bon roman. (V.M. et A.Be.)
Les eaux troubles du Tigre
PLANTE Alicia