Les eaux tumultueuses

APPELFELD Aharon

Dans une pension bucolique, aux confins de l’Europe de l’Est, un groupe de Viennois – Juifs pour la plupart – se retrouvent chaque été. En cette année 1930, Rita, arrivée la première, est suivie de quelques habitués : ils attendent les autres. Ils ne viendront pas. Le temps s’écoule lentement : on joue aux cartes, on boit beaucoup, des aventures naissent, des souvenirs et des ragots s’échangent. Maria la domestique, perspicace, indulgente avec les excès de ces désoeuvrés, juge, conseille et console. Car l’un d’eux se noie dans la rivière impétueuse ; la vie bascule, l’orage gronde. Rita, l’imaginative angoissée, va douloureusement rejoindre sa Terre promise. Dans cet ouvrage écrit en 1988, l’auteur (Le garçon qui voulait dormir, NB juillet-août 2011) ordonne ses personnages dans une tragi-comédie satirique où métaphores et symboles évoquent les tumultes de l’Histoire en marche. Rôle du hasard, prémonition et peur hantent ces acteurs intensément conscients de leur judéité. Le romancier, d’une écriture sobre, claire, parfois un peu démodée, traduit en phrases incisives sa tendresse pour une humanité qui vit ses derniers temps d’insouciance.