Du cloaque des éléphants grenouillant au PS, émerge une reinette, chétive de prime abord, mais qui « s’enfle et se travaille » et bouleverse avec insolence le paysage politique. La diva est ombrageuse, souvent procédurière, mais drapée d’une raideur combative héritée d’une enfance à la dure, elle sait que les suffrages se gagnent un à un. Le chaudron socialiste clapote. Dans le troupeau où les combats de trompes perdurent, l’ascension par le Nord de l’étoile Ségolène fait d’abord s’esclaffer puis trembler nombre de pachydermes. Comment ces bêtes politiques n’ont-elles pas vu venir celle qui caracole en tête ? Délaissant l’art culinaire (Le roi carême, NB décembre 2003), Philippe Alexandre revient à la politique et retrace une année de cheminement auprès de Ségolène Royal, dans ses travaux pratiques. Volontiers persifleur, il n’épargne ni la droite ni la gauche, habiles à tendre des chausse-trapes pour décrocher du firmament l’étoile des sondages ! Tel une gourmandise, le livre se déguste, fruit du travail d’un observateur à la plume malicieuse dont le mérite est de laisser délicieusement songeur sans jamais prêter le flanc au moindre soupçon d’inclination.
Les éléphants malades de la peste
ALEXANDRE Philippe