Vienne, 1941. Les enfants souffrant de handicap physique ou considérés comme des débiles mentaux sont regroupés dans un hôpital qui devient vite un lieu d’extermination. Le personnel soignant, aux ordres du pouvoir nazi, a pour mission, pour des motifs « d’hygiène raciale », d’éliminer après maltraitances et tortures de toutes sortes des enfants transformés en cobayes. Les malades subissent un traitement « médical » dont le seul objectif est de leur donner intentionnellement la mort. Personne n’échappe à la machine meurtrière ordonnée par Hitler en personne. Dans ce roman polyphonique qui prend fréquemment des allures de document plus que de fiction, l’auteur suédois Steve Sem-Sandberg (Les dépossédés, NB décembre 2011) mêle cauchemars, fantasmes et terribles réalités. Les personnages qui se font face sont présentés tour à tour dans une atmosphère à la limite du supportable. Entre les pensionnaires « élus » pour un sort irréversible, ce sont souvent ruses et haine. Dans le corps médical, la lâcheté et la jalousie dominent en permanence. Tant au travers de courtes scènes quotidiennes que dans des morceaux d’anthologie plus développés, l’auteur fait revivre une page honteuse de l’humanité. Un livre poignant où le jugement parfois trop clément des hommes n’efface pas celui de l’Histoire. (L.D. et E.A.)
Les Élus
SEM-SANDBERG Steve