Dans les faubourgs de Séville s’élève LaTour, « bloc acide et inhumain », véritable tour de Babel où survit une populace cosmopolite et déshéritée. Angel, professeur de philosophie, veuf, s’y installe. Un de ses élèves, Nor le Guinéen, disparaît, laissant une lettre lui confiant être parti chercher son frère qui doit débarquer clandestinement sur une plage. Inquiet car la météo est mauvaise, Angel pressent qu’il doit agir pour le retrouver, l’aider quel que soit le risque. Il peut compter sur la solidarité des uns et des autres.
Bouleversante fresque sociale où chacun a son histoire bonne ou mauvaise. Le lycée est le seul ancrage commun à ces adolescents et l’enseignement de la philosophie semble parfois bien loin de la réalité quotidienne, car pour eux « le but n’est pas de savoir mais de vivre ». L’enseignant, confronté aux difficultés personnelles de ses élèves, à l’iniquité du trafic des clandestins, se réveille à la vie. On oublie le moralisme – parfois agaçant – du propos tant les protagonistes sont campés avec justesse et sensibilité. Intégrité, humanité, dignité côtoient compromissions, magouilles et bassesse. Au service de l’émotion, une belle écriture.