1964. Dans la taĂŻga mongole, Enkhetuya vit encore Ă la maniĂšre de ses ancĂȘtres Tsataan, le « peuple des rennes ». TrĂšs jeune, elle voit des signes quâelle apprend Ă dĂ©chiffrer. HĂ©ritĂ© de sa mĂšre, ce don est secrĂštement dĂ©veloppĂ© par lâenseignement dâun maĂźtre dans une rĂ©publique de rĂ©gime soviĂ©tique qui rĂ©prime sĂ©vĂšrement des traditions jugĂ©es « inaptes Ă la modernitĂ© ». Devenue mĂšre, puis grand-mĂšre, Enkhetuya est une chamane reconnue dont le sens aigu des affaires, profitant de lâarrivĂ©e du tourisme et de la sociĂ©tĂ© de consommation, amĂ©liore considĂ©rablement les conditions de vie matĂ©rielleâŠÂ Corinne Sombrun (Journal dâune apprentie chamane, NB mars 2002) Ă©voque le contexte politico-Ă©conomique de la Mongolie des soixante derniĂšres annĂ©es et retrace ici la vie dâEnkhetuya, qui l’a initiĂ©e, et des siens. Le chamanisme exige de nombreux rituels pour entrer en contact avec les esprits (ongod) et en interprĂ©ter les signes, aussi cette discipline reste-t-elle difficile Ă apprĂ©hender pour le non-initiĂ©, a fortiori en lâabsence de glossaire. De son cĂŽtĂ© l’auteur, elle-mĂȘme chamane, se livre Ă des expĂ©riences neurologiques pour Ă©tudier l’Ă©tat de transe.
Les esprits de la steppe : avec les derniers chamanes de Mongolie
SOMBRUN Corine