Didier assiste incognito au baptême de sa petite-fille prénommée Françoise comme sa mère qu’il exècre. Occasion de se remémorer ses rapports désastreux avec sa génitrice. Celle-ci, superbe, androgyne, a mené, encore mineure, après-guerre, une folle vie nocturne avant de fuir en Algérie avec un certain Bruno, en n’hésitant pas à laisser ses deux enfants, l’aîné à sa belle-mère, le second à son père remarié. Elle revient à Paris pour vivre avec des femmes aisées. Le cadet, encore adolescent, doit cohabiter avec sa dernière compagne. Tout l’insupporte. Il se sauve. Didier Delome (Jours de dèche, HdN août 2018) cherche la guérison de ses blessures dans l’écriture. Ce nouveau roman autobiographique, qui retrace la vie d’une mère originale, transforme la haine en curiosité et renvoie le narrateur à lui-même. N’a-t-il pas lui aussi laissé ses enfants à sa femme ? N’est-il pas en train de rejeter ses descendants à cause des ressemblances physiques avec sa mère ? N’est-il pas lui aussi attiré par l’homosexualité ? Ce récit anticonformiste ne ménage pas le lecteur mais pèche par les redites et une syntaxe souvent malmenée. L’auteur recourt volontiers à l’autodérision et pose avec justesse la question de la responsabilité individuelle dans toute relation. (L.G. et A.K.)
Les étrangers
DELOME Didier