Bénéficiaire en 1925 d’une bourse américaine pour une étude sur l’art gothique qu’il ne commencera jamais, un jeune universitaire hongrois passe d’abord une année à Berlin, métropole traumatisée par la défaite et l’inflation galopante. Puis il gagne Paris où, pendant deux années, il fréquente les cafés et ne côtoie guère que d’autres immigrés, artistes impécunieux venus de toute l’Europe. Pour finir, il suit une Bretonne qui, lasse de son « exil » parisien, retourne dans son Finistère natal. Il vit dès lors dans un village de pêcheurs accueillants sans y être vraiment intégré. D’une écriture vive et évocatrice, ce roman d’inspiration autobiographique, paru en 1930, fait vivre avec empathie et une touche d’humour de nombreux personnages originaux dans le Paris bouillonnant des « années folles ». S’il fait bien ressentir ce qu’éprouvent beaucoup d’étrangers qui aspirent à s’insérer dans le pays d’accueil, mais ne se sentent jamais véritablement acceptés, il s’intéresse davantage aux petits détails de la vie quotidienne. Sándor Márai s’est suicidé à San Diego en 1989, laissant une oeuvre d’une grande qualité (La soeur, NB décembre 2011) qui n’est publiée en France que depuis deux décennies
Les Étrangers
MÁRAI Sándor