Un moineau bavarde avec un baobab : lâoiseau vient dâĂ©chapper aux griffes dâun chat en se perchant sur la branche de lâarbre. Qui, de lâun, centenaire, ou de lâautre, insignifiant, est le plus faible, lequel rĂȘve dâavenir, lequel est riche de souvenirs ? se demandent-ils. Et voilĂ le moineau investi dâune mission : il va raconter, raconter inlassablement les choses de sa vie. Aboubakar, le fils du forgeron du village, lui donnera la rĂ©plique.
  Suivent de brefs rĂ©cits oĂč alternent Ă Ă©galitĂ© les deux voix, lâune porteuse de lâexpĂ©rience de la nature, lâautre de la mĂ©moire du village. En dĂ©pit du titre, ce ne sont pas des fables : Ă la fin de ces historiettes, pas de leçon de morale ! Câest un florilĂšge pittoresque dâinstants vĂ©cus, porteur dâune philosophie de lâexistence : lâillusion dâĂ©ternitĂ©, la cruautĂ©, la souffrance, quâimporte tout cela face Ă la mort qui nous inscrit tous, du plus humble au plus grand, dans la chaĂźne de la vie ? Ni rĂ©volte, ni fatalisme ; de lâobservation menue de lâagitation universelle naĂźt une sagesse, une vĂ©ritĂ© que la parole, dans un dialogue sans emphase, fait circuler. Ce texte dĂ©cidĂ©ment inclassable est servi par la trĂšs grande poĂ©sie dâune langue sans affĂ©terie. (C.B. et J.G.)