1975, Paris. Des cagoulĂ©s se sortent dâun casse meurtrier par une fuite avec prise dâotages. Plusieurs morts sur le tapis. 1980, Momo est tuĂ© lors dâun banal contrĂŽle dâidentitĂ© et la bande veut le venger. Il y a Adjad, celui qui rĂ©flĂ©chit, Kuszner, le brutal, MĂ©lingue, le mystique, Lesage, lâancien du milieu, Gaouti le monte en lâair, puis encore, Levert, Tchou, et Rouve, le gitan. Câest lui qui va trouver une mĂ©thode en sâinspirant dâun livre de Marcel Schwob : des postiches sur la tĂȘte pour se dĂ©guiser en clients ordinaires, aucun lien avec le milieu, pas de violences. Un premier casse en novembre 1980 sert dâarchĂ©type. Dâautres suivent. Ouvrir les coffres louĂ©s Ă des bourges câest facile⊠et ça marche, mĂȘme si cela peut monter Ă la tĂȘte ! – Mais les flics, sont tenaces⊠mĂȘme si  quelques-uns sont ripoux.
Câest Ă la fois une histoire de gangsters vite affolĂ©s et meurtriers, mais aussi dâune bande de quartier, soudĂ©e et prĂȘte Ă tout. Le cocktail formĂ© par la duretĂ© du milieu, les complexitĂ©s de chaque gars et le comique des postiches prend bien. Les policiers paumĂ©s ou ripoux ne sont pas plus beaux, mais bien plus rĂ©alistes. Le trait prĂ©cis dâun dessin en noir et blanc, rarement nuancĂ© de gris, mais relevĂ© dâun bleu un peu nocturne met en valeur lâaction et les personnages. Le contraste entre leurs expressions bien affirmĂ©es et les visages figĂ©s des masques donne une impression dâĂ©trangetĂ©. Celle-ci contribue Ă lâintĂ©rĂȘt des images sagement organisĂ©es, comme le rĂ©cit lui-mĂȘme de ce polar sorti tout droit de la sĂ©rie noire Ă la française. Peu nombreux, les dĂ©cors laissent la place premiĂšre Ă lâaction, tout en relatant lâĂ©volution dâun quartier dont les repĂšres mythiques se sont fondus dans une trame urbaine anonyme. On prend plaisir Ă lire et relire cette « vie imaginaire », mĂ©lange de documentaire et de portraits dâindividus paumĂ©s et attachants.