Les femmes de l’ombre

Soufflant le froid ou le chaud, d’Est en Ouest, les espionnes courent le monde depuis que Cromwell a lancé la « she-intelligence »dans la bataille contre Charles Ier au XVIIe siècle. Si Milady de Winter ou Mata Hari demeurent gravées dans nos mémoires, c’est par centaines que ces anonymes ont mis leur courage, leur talent et parfois leur naïveté au service des États pour lesquels la guerre de l’information reste un enjeu vital.  L’historien du renseignement, Rémi Kauffer (Les hommes du Président, NB janvier-février 2019), leur consacre une somme fourmillant de portraits, de récits et d’anecdotes d’une rare précision. Son faisceau de preuves balaye les zones d’ombre et restitue leur juste place à ces femmes soldats trop souvent victimes de l’omerta, des préjugés ou des fantasmes véhiculés par la littérature et le cinéma. Hier, yeux, oreilles ou bras armés de Hitler, Staline ou Churchill, aujourd’hui filles du Mossad, de la DGSE, de la CIA ou du Guoanbu chinois, ces fanatiques, résistantes, militantes ou tout simplement militaires font et défont l’Histoire au rythme de leurs révélations. Au fil des pages, on en oublie presque que la réalité dépasse la fiction. Lu d’une traite ou à petites gorgées, le livre est un récit captivant. (C.Go.)