Chaque année, la mère d’Anton plante des fraisiers à l’automne et, l’été suivant, fait de succulentes confitures. Mais cette fois, atteinte de démence précoce, elle a oublié. Comme c’est très important pour elle, son fils achète des plants, un peu hors saison. Donneront-ils les belles fraises espérées ? Par ailleurs, Anton, médecin à Berlin, encore seul à quarante-trois ans, met beaucoup d’espoir dans sa rencontre avec Lydia, une jeune mère célibataire, surveillée à son insu par un ancien légionnaire flanqué d’un compagnon inquiétant. Cet amour pourra-t-il prendre racine, lui aussi ?
Le passé est la question centrale de ce roman intimiste à l’écriture tendue et épurée. Celui de la mère d’Anton, symbolisé par les fraises jadis vigoureuses, désormais fragiles, s’effiloche inéluctablement ; celui, trop encombrant, des ex-légionnaires crée une attente angoissante. On ne saura presque rien de celui de Lydia, décidée à lui tourner le dos. Plus resserrée que dans Démunis (NB octobre 2008), la narration saute d’un personnage à l’autre, entretient un va-et-vient informel entre passé et présent. Les pensées déliquescentes de la mère sonnent juste. La bienveillance et la mélancolie imprègnent ce constat de la fragilité de la vie.