Deux adolescents, Djamil et Nadji, vivent dans la région d’Abadan, à l’entrée du golfe Persique. L’un est le seul fils d’un riche propriétaire musulman qui prépare à son garçon un avenir brillant passant par l’université… quand le jeune homme rêve de devenir danseur ; l’autre n’est qu’un simple pêcheur. Ils sont beaux, ils sont jeunes ; les soirées sur le fleuve sont douces, évidemment. Mais, aux ambitions du père s’ajoutent, à partir de 1979, les bouleversements politiques de l’Iran.
Deux ans de confusion et d’enfer que raconte Djamil longtemps après, quand l’exil l’a sauvé de la mort ; l’écriture dit, sans tabou, la nostalgie des moments heureux, mais aussi la douleur et le remords car la survie confronte l’individu à ses limites. Le chaos, la désintégration d’une société, l’escalade de la barbarie sont la toile de fond de ce récit cruel où la sidération des uns croise l’exaltation des autres et son inévitable brutalité. Un constat désolé : la mort est au rendez-vous d’un amour interdit dont le romancier peint la délicatesse et la force quand le discours ambiant, sordide, le stigmatise d’emblée. (C.B et M.T.D.)