Les graines de paradis

À Monrovia, un vieil homme, « le Roi fou », raconte à des adolescents misérables l’histoire de leur pays, un territoire très riche et marécageux : les tribus l’habitant s’y regroupaient peu à peu lorsqu’en 1820 débarquent d’un bateau affrété par la Société de colonisation quatre-vingts esclaves américains affranchis revenus dans leur pays d’origine « apporter à leurs frères démunis les secours de Dieu et du progrès. » L’incompréhension est totale malgré l’accueil, au départ plutôt bienveillant, des autochtones. Les massacres empirent jusqu’au XXIe siècle, sans que qui que ce soit parvienne à enrayer l’escalade.

L’arrivée des affranchis au Liberia et le choc frontal de deux mondes, également fermés, qui en résulte sont au coeur du livre. Mêlant intimement fable et histoire, dialogue et réflexion, Daniel Henriot – qui a longtemps vécu en Afrique – fait revivre sur deux siècles les héros – rois, gouverneurs, commerçants, pasteurs, sorciers, Noirs, Blancs ou mulâtres –, du pays de l’arbre à « graine de paradis » (le poivrier, sans valeur marchande) auquel les nouveaux venus substituent l’hévéa, source de profit. À trop vouloir en dire le récit devient confus, mais le sujet est intéressant.