Anna, quadragénaire séparée et mère de deux enfants, rencontre à Montréal un Russe avec qui elle a une courte et intense relation. Elle s’est lancé le défi de courir un marathon sur le lac Baïkal. Et dans le transsibérien, elle fait la connaissance de Gaby, une photographe américaine fantasque dont la tante, Eleonore, a dû renoncer à son mariage du fait d’une admiration immodérée et intempestive pour Youri Gagarine. Quant à « celle qui ne voit pas »…
Les portraits de femmes, dressés dans ce second roman d’Annie Perreault, interpellent tant par la forme de la narration – non chronologique – que par l’éclatement des lieux, du lac Baïkal à Montréal, à la Californie ou l’Indonésie. L’auteure a conçu un « roman géographique sur le froid » dans lequel elle analyse l’influence des rencontres sur une vie et étudie finement les sensations. Elle interroge la pratique de la lobotomie par le neurologue Walter Freeman. Elle confronte l’intimité et l’intériorité des esprits aux vastes espaces naturels dont le Baïkal, carrément déifié. Dans une prose élégante, précise, voire sculptée, elle assemble des fragments de destinées et laisse des espaces d’interprétation au lecteur. Grâce à de courts chapitres aux personnages bien identifiés, ce roman original ne manque pas de charme. Un ouvrage à découvrir. (J.D. et A.Be.)