Les guerres de Chanda

STRATTON Allan

Chanda habite un pays d’Afrique non défini, menacé au nord par les incursions du général Mandiki, un rebelle sanguinaire. La jeune fille élève ses jeunes frère et soeur depuis la mort de leur mère emportée par le sida et rejetée par sa famille (Le secret de Chanda, 2006.). Revenue dans son village dans un esprit d’apaisement, Chanda est bien accueillie mais découvre que sa grand-mère veut la marier avec Nelson, fils des fermiers voisins. Elle s’apprête à repartir quand les rebelles enlèvent Iris et Soly pour les enrôler dans leur troupe d’enfants soldats. Nelson, dont le petit frère a également été kidnappé, se joint à elle pour délivrer les enfants.

Poids des traditions, complexité des relations familiales où l’amour est confronté à la peur de la stigmatisation, dettes d’honneur, mariage arrangé, guerre civile avec ses rapts d’enfants, massacres, mutilations : le récit serait insoutenable sans la force de caractère de l’héroïne, son sens des responsabilités, son désir sincère de réconciliation, son courage, son sens de l’humour. La tension va crescendo avec la course des deux adolescents sur les traces de leurs frères et soeurs, les dangers affrontés, l’ambiguïté de leur situation et de leurs sentiments, la complémentarité de leurs connaissances. Nelson est un pisteur aguerri, Chanda a retenu les récits d’un gardien du parc national et les leçons d’un professeur épris de rationalité.

L’Afrique est évoquée avec sa beauté et sa violence, ses paysages sauvages, ses parcs naturels, ses villes en pleine mutation, une société qui oscille entre traditions, superstitions et aspirations au changement, à la liberté, les conflits et massacres escamotés par les autorités soucieuses de  préserver le tourisme. Le dénouement apporte un certain soulagement mais n’édulcore pas les difficultés des enfants soldats à surmonter le traumatisme subi. Avec un roman d’une telle intensité, il est impossible de ne pas s’attacher aux personnages, au sort des enfants soldats. Impossible aussi de ne pas se sentir concerné par le destin de l’Afrique et de sa jeunesse.