Lorsque la merveilleuse Madame A., aide-mĂ©nagĂšre dâune petite famille, sâĂ©teint, emportĂ©e par un cancer aussi rapide que dĂ©vastateur, le maĂźtre de maison se remĂ©more son entrĂ©e dans leur vie, auprĂšs de sa femme Nora avant la naissance de leur fils. Il se souvient dâavant la maladie oĂč, indispensable, elle veillait au bien-ĂȘtre de chacun, leur enseignant la force de lâamour. Sauront- ils vivre privĂ©s de la prĂ©sence radieuse et stimulante de madame A. ? Dans ce troisiĂšme roman, Paolo Giordano (Le corps humain, NB dĂ©cembre 2013), fidĂšle Ă son intĂ©rĂȘt pour lâanalyse des sentiments, porte son regard de scientifique sur une famille cellulaire : un atome, dotĂ© dâun noyau entrant en fission, et trois Ă©lectrons qui gravitaient autour. La vision cartĂ©sienne de lâauteur est bousculĂ©e par les imprĂ©vus de la maladie et de la mort. La maladie, la dĂ©chĂ©ance des corps restent des sujets dâexamen. Il ajoute Ă cette observation froide et mĂ©dicale une innocence quasi enfantine dans sa narration et dans les rapports humains en mĂȘlant passĂ© et prĂ©sent sans chronologie. Aucune tristesse dans ce constat, juste lâimpuissance du scientifique face aux jeux de lâamour et de lâunitĂ© familiale. (E.A. et B.Bo.)
Les humeurs insolubles
GIORDANO Paolo