C’est par la voix de son ami Laroque, “prof” de philo, que l’auteur campe son héros distant et gâté. Laroque parle à son “copain”, professeur lui aussi. Au fil des chapitres, il met en garde, prévient, conjure ou sollicite. Qu’il se souvienne ou qu’il augure, Laroque sent ou sait qu’un danger mortel, une vengeance implacable, menace son alter ego. Chacun de ses actes les plus ordinaires s’en trouve épaissi, plombé. C’est dans un lent goutte à goutte que se délivre le mobile de l’impalpable et si présent péril.
Le ton inédit, les épithètes ajustées, le rythme de la première moitié du livre de Sébastien Lapaque, auteur du récent Sermon de saint François d’Assise aux oiseaux et aux fusées (NB février 2009) créent une indiscutable atmosphère, dans laquelle flottent des lambeaux de mystère. Mais la dynamique se distend, s’épuise ou se banalise, la plume paresse un peu. Jusqu’à la chute, inattendue, déconcertante vaguement manipulatrice.