Nés dans un kibboutz de Haute Galilée, orphelins très jeunes, Rony Cooper et son frère Gaby construisent parallèlement leur vie dans la société israélienne des cinquante dernières années. Leur ambition personnelle, leur goût d’apprendre et d’entreprendre résistent aux contraintes politiques, administratives ou religieuses. Alternant échecs et réussites, notamment au cours d’aventures américaines, ils se retrouvent au début des années 2000, dans une colonie illégale à l’ouest du Jourdain. C’est un plongeon dans la vie quotidienne des Israéliens « d’en bas ». La galerie des portraits est surabondante : adolescents, jeunes cherchant leur voie, petits patrons, religieux. Politiques et militaires ne sont pas épargnés. Et, comme dans Croc Attack (NB décembre 2011), on ressent le poids des incertitudes qui pèsent sur ce pays. Une profusion de détails alourdit le récit dont la construction en flash-back assez désordonnés peut surprendre. Mais subsiste un côté documentaire intéressant sur les moeurs, les comportements et un certain désarroi conduisant au repli sur soi. Dans un style vivant, teinté d’ironie, Assaf Gavron laisse apparemment sans issue les paradoxes de son pays.
Les innocents
GAVRON Assaf