Instants, éclairs, coups de foudre ou rêves qui surgissent puis disparaissent, autant de moments difficiles à exprimer avec des mots sans leur ôter leur fulgurance et la joie ressentie. Jacqueline Risset, dans ce lent et délicat cheminement, revisite d’abord son enfance, déchiffre et explicite ses fragments de mémoire. Mais l’écriture engendre la discontinuité : comment redonner vie et sens à ces instants désormais hors du temps et du tumulte sans rien leur ôter ? Habitée par ses lectures – Dante, Kafka et surtout Proust – et les essais ou traductions qu’elle leur a consacrés, elle tente de faire ressentir ces moments privilégiés. Elle y réussit fort bien quand elle évoque ses jeunes années, mais lorsqu’elle raconte ses rêves, on devient étranger à ce monde étrange. Certes chaque mot a été pesé, les phrases s’enroulent subtilement comme les pensées, cependant l’auteur a mis la barre assez haut, même si nous connaissons nous aussi la fragilité du passé et la douleur de l’oubli.
Les instants, les éclairs
RISSET Jacqueline