C’est l’Assomption, à Barcelone, à la fin du franquisme. Fernando échappe à sa vigilante mère (« étudie ! »). Avec son complice Pepito, gitan boiteux, ils écument les faubourgs zonards, cherchent à rejoindre un Watusi mythique, se chamaillent, sont pris dans des affrontements musclés, sanglants même, entre bandes rivales. Une fille serait tuée. La journée se déroule au galop et s’achève avec le retour de Fernando, penaud, chez maman. Il s’est passé quelque chose ?
Loin de la morosité crasseuse des romans noirs, cette histoire farfelue, « parfois douloureuse mais jamais sérieuse », évoque la fin d’un système politique. Un humour constant imprègne les péripéties les plus folles. Ambiguïté et mensonge règnent dans le chaos. Fernando écrit à la première personne, le texte suit la fluidité cocasse de sa pensée. Le style – des phrases très courtes volant du coq à l’âne – exprime précisément les choses laides en litotes heureuses ; ça court, ça respire, ça vole, on ne sait pas toujours où. Qu’importe ! On est emporté par le flot. Deux autres volumes sont annoncés. Y verra-t-on un peu plus clair ?