Septuagénaire récemment retraité, Percy Darling s’impose des horaires stricts, pratique le jogging, nage chaque jour dans son étang et veille à ne pas déroger à ses habitudes. Un peu d’imprévu pénètre cependant dans le cocon rassurant qu’il s’est construit, grâce à une vive complicité avec son petit-fils, étudiant à Harvard. Mais cela n’est rien en comparaison des bouleversements que provoque l’ouverture d’une école maternelle, à l’initiative de sa fille aînée, dans la partie restaurée du corps de ferme jouxtant sa maison. Son veuvage, assumé depuis trente ans, et son existence routinière ne résistent pas aux assauts de la vie qui frappe à sa porte. D’une plume limpide et pleine d’allant, Julia Glass (Louisa et Clem, NB mai 2011) s’amuse des revirements de cet homme, près de sombrer définitivement dans la bougonnerie et la nostalgie mais qui retrouve soudain son humour d’antan. Elle tire peu à peu les fils de son passé et met en scène avec brio les personnages qui l’entourent ou font irruption dans son quotidien. Les thèmes les plus graves comme la séparation, la trahison, la clandestinité, la maladie, sont traités avec tendresse et pertinence. C’est à regret qu’on referme cet épais volume attachant, drôle et émouvant.
Les joies éphémères de Percy Darling
GLASS Julia