Les larmes du seigneur afghan

ZABUS Vincent, BOURGAUD Pascale, CAMPI Thomas

Pascale Bourgaux est journaliste et grand reporteur travaillant pour la RTBF. En 2001, elle se rend en Afghanistan dans le fief de Massoud et se prend d’amitié pour Mamour Hasan, ‘‘Seigneur de guerre” d’un village dans lequel elle retourne régulièrement jusqu’en 2010. Elle peut ainsi constater l’évolution de la région jusqu’à sa dernière expédition dont elle fait un film à partir duquel est réalisé cet album. Le voyage est dangereux : on risque à tout moment le kidnapping et la demande de rançon. Accompagnée du photographe Gary , elle découvre la corruption, la pauvreté, l’influence grandissante des talibans dans ce village. Mamour a perdu de sa puissance depuis que s’est instauré le pouvoir centralisé à Kaboul, il est devenu pauvre, mais garde sa dignité et son influence. Celle du mollah par contre grandit auprès d’une population qui se radicalise et ne supporte plus les étrangers. La famille même du chef voit plusieurs de ses membres contaminés et devenir talibans. Le séjour se prolonge tandis que l’atmosphère s’alourdit. L’ambiance devient à ce point pesante qu’il leur faut partir précipitamment. La route du retour est ponctuée d’incidents et la tension est palpable : jusqu’à quel point le chauffeur qui réclame un bakchich démesuré, est-il fiable ? Mais c’est sains et saufs qu’ils feront escale dans un des camps de l’ONU.

 

Ce document authentique est splendide, scénarisé par un spécialiste de la BD, Zabus, à partir du récit de la journaliste et des images de Campi mises en valeur par une plume délicate et par des couleurs soutenues et chatoyantes. Si l’album laisse un goût amer sur l’échec patent des occidentaux, et un grand point d’interrogation concernant l’avenir de ce pays une fois les forces occidentales parties, il donne une idée réaliste des sentiments qui animent et divisent les populations devant le retour des islamistes intégristes. Une expérience pleine d’enseignements qui fait découvrir l’état d’esprit qui règne de l’autre côté des barbelés et la démotivation des troupes face à ce conflit.

Un beau témoignage.