Les Lettres d’Esther

PIVOT CĂ©cile

Esther, libraire Ă  Lille, organise un atelier d’écriture Ă©pistolaire en souvenir de la correspondance qu’elle entretenait avec son pĂšre rĂ©cemment dĂ©cĂ©dĂ©, et en publie l’annonce dans plusieurs quotidiens rĂ©gionaux. Elle n’obtient que cinq rĂ©ponses et rĂ©unit leurs auteurs dans un hĂŽtel parisien. Venus de divers horizons : un homme d’affaires dĂ©sabusĂ©, une veuve de soixante-dix ans, un jeune couple dĂ©suni par la grave dĂ©pression « post-partum » de l’épouse, et un adolescent dĂ©soeuvrĂ©. AprĂšs cette premiĂšre rencontre, les candidats se choisissent entre eux un ou deux correspondants, et doivent Ă©changer leurs lettres pendant trois mois, Esther se chargeant de les corriger.

La correspondance par courrier postal est de plus en plus rare. Il en existe pourtant de nombreux exemples dans la littĂ©rature. Esther fournit Ă  ses candidats quelques thĂšmes, mais ils vont essentiellement parler de leurs problĂšmes personnels, et cet exercice leur permet de les rĂ©soudre. Il en rĂ©sulte un panorama des nombreux Ă©cueils de la sociĂ©tĂ© actuelle : solitude de la vieillesse, douleur du deuil, rapport Ă  l’argent, empreinte laissĂ©e par l’éducation, dĂ©pression… etc. Le procĂ©dĂ© a Ă©tĂ© maintes fois utilisĂ©, mais l’auteure en tire bien parti, et la diversitĂ© des styles, des situations rend la lecture agrĂ©able et colorĂ©e. (E.L. et F.L.)