Le titre ne désigne pas l’établissement psychiatrique savoyard dans lequel est soignée la narratrice, mais le type des pensionnaires dont elle a entrepris d’écrire l’histoire. Les Locaux sont des êtres bien ancrés au pays, Yuma en Savoie, Lucia en Bretagne, la narratrice elle-même aux États-Unis, mais inachevés et incertains d’eux-mêmes en raison d’une relation passionnelle maladive datant de l’enfance.
L’écriture ne manque pas de personnalité, clinique et lyrique, usant de descriptions minutieuses ou d’allégories ampoulées, du parler patois et de mots rares, créant ainsi une atmosphère irréelle à la hauteur de l’étrangeté des personnages. La construction alambiquée en « préludes », « interludes » et « histoires de… » apparaît très artificielle. Le tout forme un jeu littéraire énigmatique et éthéré qui conserve pour lui ses clés. Ses héros, sans doute à plaindre, n’émeuvent guère la sensibilité du lecteur.