Gérone, Espagne, été 1978. Ignacio, un adolescent persécuté par ses camarades de classe s’acoquine avec Zarco et sa bande. Il est fasciné par ce caïd de dix-huit ans et par la ravissante Tere qui ne le quitte pas. Pendant trois mois, ils volent des voitures, cambriolent des banques jusqu’à l’arrestation et la prison, mais Ignacio en réchappe. Il devient avocat et en 1999 Zarco, légende vivante de la délinquance espagnole, lui demande de le tirer d’affaire ; tombé dans l’oubli, il n’est plus qu’une ruine, et la fascinante Tere l’assiste toujours… Jamais le héros ne prend la parole, mais les autres, à tour de rôle, tentent de le cerner : l’avocat, le directeur de la prison, la police. Tous sont typés, vivants ; ils traquent avec nostalgie une personnalité fuyante que le temps détériore. Le procédé rappelle Anatomie d’un instant (NB octobre 2010). On découvre la géographie des lieux, héritée du franquisme, la ligne de démarcation entre nantis et sauvages, on revient sur les liens entre les personnages en une vaste fresque. À chacun sa vérité, sa version des événements. Une ombre flamboyante est passée, restent des haillons.
Les lois de la frontière
CERCAS Javier