Les lois de l’apogée

Lauréat du Goncourt à vingt-trois ans, Jérôme Vatrigan préfère se consacrer à l’édition plutôt qu’à l’écriture. Jusqu’à la parution d’un inédit de Proust, ses choix littéraires ne seront pas financièrement probants. Sa compagne italienne, Greta Violante, brille à la tête d’une multinationale ; son pragmatisme et son sens aigu des affaires enchantent le Tout-Paris. Jérôme confie sa vie de couple sans frasques dans une correspondance régulière avec son frère Antoine, riche chirurgien esthétique, happé par une carrière politique aussi fulgurante qu’éphémère. Œuvrant dans des domaines éloignés, ces trois ambitieux ont des destins atypiques intimement mêlés.  Dans son troisième roman, Jean Le Gall se livre à une satire décapante du monde politique et financier des trente dernières années en mélangeant personnages réels et de fiction. Avocat d’affaires, devenu récemment directeur des éditions Atlantica, son analyse du panorama littéraire français est acerbe. Le ton du livre est déconcertant, François Hollande, Anne Lauvergeon ou Gonzague Saint Bris côtoient allègrement nos héros. La faible intrigue policière ne suffit pas à donner un fil conducteur soutenu. Dans une langue élégante et classique, une vision bien cynique de cette période contemporaine où crimes à l’arme blanche ou en col blanc seraient monnaie courante.  (S.D. et E.B.)