Les mains obscures de l’oubli

Antoine, après avoir purgé 30 ans de prison pour un crime qu’il n’a pas commis, est emmené par Angelino, le fils de Don Aurelio , le vieux parrain de Marseille. Aurelio l’avait accueilli, lui, Toinou, le petit orphelin et lui avait accordé toute sa confiance, surtout quand Antoine avait pris la place d’Angelino en prison… Don Aurelio lui propose de le réintégrer. Mais Antoine veut honorer un « contrat » qu’il avait accepté à l’époque : retrouver et venger, s’il était assassiné, un chef d’entreprise basque racketté par l’ETA et un certain Itzala…

Inspiré par un fait réel, Cava livre le récit intime et haletant d’un ancien mafieux, homme d’honneur, désabusé, et obnubilé par « les oubliés », les victimes anonymes des nazis qui ont nettoyé son quartier d’enfance à Marseille, celles de l’OAS, et maintenant de l’ETA de chaque côté de la frontière. Le face-à-face d’Antoine avec lui-même sublime une enquête minutieuse dans les méandres de la guerre entre les nationalistes basques et les autorités espagnoles ou françaises. Sa voix off pose les bonnes questions, tandis que le dessin intimiste de Segui renforce encore l’intérêt de cette très bonne BD.