1901. Cela fait dix-sept ans que les enfants encore vivants ont quitté le bagne, mais au bas de la falaise, le village étouffe sous le poids des secrets. Léon le gardien, Émile le médecin, Angèle la lingère… partagent avec d’autres la culpabilité de ceux qui savaient et ont laissé faire. Mais quand les bêtes meurent et que les meules s’embrasent, les superstitions altèrent le jugement des hommes.
C’est un livre magnifique sur la lâcheté, la peur et la bassesse humaine. Un livre sur la médiocrité, la sueur âcre des hommes et la musique intérieure des femmes. Un livre envoûtant sur la beauté sauvage des Cévennes où la nature fait figure d’univers. Un livre sur la peur et ses expiations, le silence et la soumission, celle des hommes à la terre et celle des femmes aux hommes. C’est une littérature tragique à l’écriture lumineuse qui donne aux mots le pouvoir de dénoncer les failles humaines et de corrompre le mal. On lit ce livre comme en apnée tant sourd un sentiment de désolation. Par l’humanité de son regard, l’auteur rend hommage aux enfants du bagne dont les noms scandent chaque tête de chapitre, comme une nécessaire incantation. (Maje et J.M.)