Les mangues resteront vertes

La Réunion, 1975. Odélise, 10 ans, vit heureuse au milieu des siens quand soudain elle est brutalement arrachée à sa famille et envoyée en métropole avec une centaine d’autres enfants. Placée dans une famille d’accueil, dans une ferme de la Creuse, elle sera désormais Odile. Sa famille lui manque, à cela s’ajoutent les difficultés d’acclimatation et d’intégration, la nostalgie de son île, le sentiment d’abandon et d’incompréhension ; et le pire est à venir. Seule échappatoire, s’inventer un double, Zeïla, pour tenter de vivre.   Ce récit bouleversant, et psychologiquement bien vu, dénonce le scandale d’une inconséquente décision des autorités de la métropole. De 1963 à 1982, sous prétexte d’assurer une éducation à des enfants issus de milieux pauvres et illettrés, l’État français les déporte, dans le but de repeupler des départements touchés par l’exode rural. Le lecteur est d’emblée happé par la tragique destinée de l’héroïne, interpellé par sa faculté d’acceptation de sa condition, quitte même à s’en sentir coupable. Mais un jour la coupe déborde, la résignation cède la place à la révolte, Zeïla prend le destin d’Odélise en main. L’évocation récurrente de l’Ile de la Réunion, paradis perdu, illumine cette sombre chronique.(E.-E.H. et F.E.)