Les manifestations

NICOL Patrick

Paul Desrosiers touche le fond. Sa femme ne l’aime plus et prend un amant. Il est brimé par une collègue qui empiète sur son travail à la Société d’histoire de Sherbrooke, au Québec. Il est aveugle au mal-être de sa fille ado, obsédée par les images médicales les plus horribles qui circulent sur internet. Désabusé, malheureux, il se réfugie à la maison de retraite où sa mère perd doucement la tête. Il attend sans y croire un signe, une manifestation, qui redonnerait du sens à sa vie.

Étonnant gros roman d’un écrivain canadien qui mêle l’histoire de l’éclatement d’une cellule familiale moderne avec, en d’autres temps et lieux, les recherches spirites de Victor Hugo et les expériences surréalistes d’André Breton (surréalistes qui, à l’inverse de Paul, ne manquaient pas d’estime d’eux-mêmes !) Pas grand chose de commun dans la recherche de ce qui peut enrichir la réalité quotidienne d’intellectuels du XIXe et d’artistes du début du XXe, et celle d’une femme d’aujourd’hui déçue par son mari, ou d’une petite fille déboussolée par le désamour entre ses parents et attirée par les sirènes de la virtualité. La juxtaposition des thèmes ressemble parfois à un fourre-tout existentiel, mais on prend beaucoup de plaisir à cette fresque ambitieuse. (T.R. et F.E.)