Paul Desrosiers touche le fond. Sa femme ne l’aime plus et prend un amant. Il est brimĂ© par une collĂšgue qui empiĂšte sur son travail Ă la SociĂ©tĂ© d’histoire de Sherbrooke, au QuĂ©bec. Il est aveugle au mal-ĂȘtre de sa fille ado, obsĂ©dĂ©e par les images mĂ©dicales les plus horribles qui circulent sur internet. DĂ©sabusĂ©, malheureux, il se rĂ©fugie Ă la maison de retraite oĂč sa mĂšre perd doucement la tĂȘte. Il attend sans y croire un signe, une manifestation, qui redonnerait du sens Ă sa vie.
Ătonnant gros roman d’un Ă©crivain canadien qui mĂȘle l’histoire de l’Ă©clatement d’une cellule familiale moderne avec, en d’autres temps et lieux, les recherches spirites de Victor Hugo et les expĂ©riences surrĂ©alistes d’AndrĂ© Breton (surrĂ©alistes qui, Ă l’inverse de Paul, ne manquaient pas d’estime d’eux-mĂȘmes !) Pas grand chose de commun dans la recherche de ce qui peut enrichir la rĂ©alitĂ© quotidienne d’intellectuels du XIXe et d’artistes du dĂ©but du XXe, et celle d’une femme d’aujourd’hui déçue par son mari, ou d’une petite fille dĂ©boussolĂ©e par le dĂ©samour entre ses parents et attirĂ©e par les sirĂšnes de la virtualitĂ©. La juxtaposition des thĂšmes ressemble parfois Ă un fourre-tout existentiel, mais on prend beaucoup de plaisir Ă cette fresque ambitieuse. (T.R. et F.E.)