Les marionnettes

Un jeune Parisien vient rejoindre à Miami son amie colombienne, appelée par sa famille après l’arrestation de deux de ses frères, victimes crédules d’un trafiquant de drogues. Pour aider à la bonne marche d’une maison lourde – mère, belles-soeurs, enfants, autre frère joueur sans travail –, ils tentent de monter un spectacle de marionnettes, mais sans grand succès. Vient alors le temps des petits boulots. Le couple a du mal à vivre cette situation difficile. Après l’Algérie et la Syrie (Au bonheur des voiles : chroniques syriennes (2004-2005), NB septembre 2013), Stéphane Chaumet prend pour sujet une communauté latino immigrée, sur fond d’une Amérique de retraités friqués exhibant leurs chairs fatiguées et leur vide culturel sous le soleil torride et les cocotiers de Floride. Avec une finesse et une simplicité d’expression qui touchent, l’auteur fait bien ressortir le caractère et l’itinéraire de chacun, les liens forts et conflictuels qui relient les membres de la famille sous un même toit d’où est bannie toute intimité. Présent et retours en arrière expriment les difficultés du déracinement et montrent les pièges de la clandestinité, l’administration américaine faisant preuve de plus d’humanité que les passeurs mexicains en la matière. Un roman sensible, sans manichéisme.