Les matins de Bangalore

Dure vie pour Kamala. Elle élève seule son fils, travaillant, petitement rémunérée, pour une patronne tyrannique. Et maintenant, sa propriétaire veut reprendre sa chambre… Heureusement, Arnaud, son patron compatissant, lui offre de payer les études de son fils. Arnaud aussi a des soucis : créateur d’une petite usine, il espère obtenir une commande décisive. Il lui faudra s’agrandir, acheter du terrain. Opération difficile : son beau-père, individu indélicat mais bien introduit, entreprend de « l’aider » et l’implique contre son gré dans une affaire immobilière douteuse au profit d’un parti politique… Deux univers parallèles : d’un côté, une famille riche de caste élevée, le luxe, les facilités, de l’autre, une villageoise illettrée et la grande précarité qui peut, à tout moment, remettre Kamala sur le trottoir avec son fils. Personnages principaux comme seconds rôles sont bien vivants et bien campés. À travers leur histoire, Lavanya Sankaran (Le tapis rouge, NB juillet 2006) entre dans l’intimité d’un couple et de deux familles, dans l’enclos d’une usine, donne à voir la situation des femmes, de l’école. Ce faisant, elle démonte les rouages de l’Inde d’aujourd’hui, démocrate et corrompue, active et entravée de traditions, énergique et pieuse, complexe et magnifique.