Elba est la fille d’une Allemande de l’Est, abusivement internée par son mari, un riche Italien qui n’a pas toléré son infidélité. Après un séjour de cinq ans dans une institution religieuse, où elle a été maltraitée, Elba revient dans l’asile psychiatrique de son enfance et apprend la mort de sa mère. En 1982, l’adolescente de quinze ans qui ne souffre d’aucun trouble mental refuse de quitter l’hôpital, est prise en charge par un nouveau médecin, prend des notes sur les malades mentaux et enquête…
La romancière italienne Viola Ardone, dont on connaît le questionnement sur la liberté individuelle (Le Choix, Les Notes novembre 2022), s’intéresse dans ce troisième roman au monde de la folie. Le récit à la première personne d’une jeune fille très lucide sur le fonctionnement d’une institution psychiatrique terriblement répressive jusqu’en 1982 raconte l’arrivée d’un nouveau directeur, le bien-nommé docteur Meraviglia, un merveilleux thérapeute décidé à sortir les malades de leur enfermement, sans recourir à des méthodes barbares. On suit d’abord avec curiosité, comme dans un roman d’apprentissage, l’évolution d’une adolescente pleine de vie et d’humour qui prend peu à peu son envol. La triste solitude et le désenchantement du docteur au grand cœur, protecteur d’Elba, s’expriment en revanche assez pesamment dans la dernière partie de l’œuvre. Un roman aussi terrible que loufoque grâce à l’inventivité verbale de l’héroïne qui sait tenir à distance le malheur et qui invite à porter un regard bienveillant sur les maladies psychiques. (A.K. et M.S.-A.)