Quel incroyable destin que celui de Théodore von Neuhoff, noble bâtard né en Westphalie, jeune page de la princesse Palatine, puis secrétaire du premier ministre de Suède et de celui d’Espagne. Se tissant un réseau d’utiles relations au cours de ses nombreuses pérégrinations à travers les Cours d’Europe, cet habile aventurier parvint à s’immiscer au coeur de la rébellion corse face à l’occupant génois et – ayant réussi par son entregent à procurer des canons aux insurgés – à se faire proclamer roi de l’île en 1736. Un vrai scénario d’opérette, à cela près que le personnage est absolument authentique !
Corse lui-même, Jean-Claude Rogliano, qui a déjà traité des méandres judiciaires de sa patrie (Justice en Corse, N.B. janvier 2003), s’amuse à conter, d’une plume élégante et pleine de verve, les tribulations de cet opportuniste intelligent, flatteur, rusé, rompu à l’art de l’intrigue, qui tint une place éphémère et bien oubliée dans l’histoire mouvementée de l’île. On découvre, à la faveur de cette distrayante biographie romancée, que durant sept mois la Corse fut une monarchie constitutionnelle dont la modernité inspira notre Déclaration des Droits de l’homme ainsi que la Constitution américaine. Qui l’eût cru d’un peuple aussi indiscipliné ?