Les muselés

SÁINZ DE LA MAZA Aro

Barcelone. L’inspecteur Milo vient d’obtenir sans coup férir les aveux d’un meurtrier. Ses intuitions fulgurantes, dont il redoute qu’elles ne soient pathologiques – son frère est schizophrène – sont pourtant inefficaces lorsqu’une stagiaire dans un cabinet d’avocats est retrouvée étranglée, et que son employeur connaît une mort identique. Des chiots atrocement empalés apparaissent dans la ville. La pression monte et Milo, solitaire, taciturne, colérique, révolté par la misère qui entraîne ces comportements sauvages serait presque en empathie avec les assassins. Rebeca, son adjointe énergique, juge la situation tout autrement.   Le bourreau de Gaudi (NB novembre 2014) mettait déjà en scène ces deux policiers, opposés et complémentaires. L’inspecteur bourru plaît aux femmes mais refuse de s’attacher à aucune. Il est beaucoup plus sensible aux conditions de vie de ses concitoyens ultra-endettés, expulsés de leur logement, poussés à la délinquance et la prostitution. « Les Indignés »  ne sont pas loin et « Podemos » arrive. Barcelone est ici une ville en quasi perdition, noyée sous une pluie d’hiver – ses SDF dans des cartons contrastent avec son image touristique. Le rythme est soutenu, le suspense bien entretenu, surtout dans la seconde moitié, et les dialogues sont vifs.  (M.B. et M.-C.A.)