En 1740, l’Angleterre et l’Espagne sont en conflit depuis un an. Une escadre de cinq vaisseaux de guerre quitte Portsmouth en direction du Cap Horn pour s’emparer d’un galion espagnol chargé de l’or des colonies sud-américaines. La flotte doit passer les cinquantièmes hurlants pendant l’été austral, mais les avaries, le typhus, le scorbut, l’épuisement des équipages retardent sa progression et elle n’échappe pas aux redoutables tempêtes hivernales. L’un des cinq navires, le Wager, s’échoue sur une île déserte battue par les vents et la neige. La suite du récit retrace la (sur)vie des quelques marins rescapés.
David Grann, journaliste et reporter new-yorkais, tient la barre de cette épopée maritime avec un indiscutable brio. Dans un souci continu de précision, il raconte les préparatifs, notamment l’enrôlement de force des marins, brosse le contexte historique, fouille la personnalité des protagonistes, évoque l’effroyable insalubrité des navires, les engrenages qui mènent à la révolte. En s’appuyant sur les journaux de bord officiels, sur les récits personnels des marins survivants et sur les comptes rendus de la Cour martiale qui se tiendra des années après le naufrage, l’auteur reconstitue le déroulement des faits. La virtuosité avec laquelle il mêle les extraits tirés des témoignages de l’époque à sa narration rend ce « roman » d’aventures haletant et captivant. (P.H. et P.M.)