En sâen prenant Ă Charlie Hebdo, aux touristes de Tunis ou du musĂ©e de Bruxelles, aux enfants dâune Ă©cole juive Ă Toulouse, les terroristes mĂšnent un combat dĂ©pourvu de sens. Ils exterminent des anonymes pour des opinions quâils leur prĂȘtent sans les connaĂźtre, et le font au nom dâune religion coupĂ©e de ses pratiques, rĂ©inventĂ©e : qui nâexiste pas. Comme des rĂȘveurs ils prennent leur fiction pour la rĂ©alitĂ©. Comme des somnambules, ils inscrivent partiellement leurs odieuses chimĂšres dans la vie. Comment tant de jeunes peuvent-ils sacrifier la rĂ©alitĂ© Ă leurs mythes, sans opposer Ă de tels crimes ni scrupule ni luciditĂ©?  Câest en philosophe (Le crĂ©puscule de la dĂ©mocratie, NB septembre 2014) que lâauteur pose la question. Il interroge la capacitĂ© infinie quâa la conscience individuelle ou collective de sâhalluciner, volontairement ou non, partiellement ou totalement, comme dans le jeu, la fiction romanesque, la politique, la croyance ou le fanatisme. Dans un habile jeu conceptuel, mĂȘlĂ© dâallusions littĂ©raires, ce paradoxe est scrutĂ© dans ses contradictions. Hors de tout recours aux sciences humaines (psychologie, sociologie), autant dire hors sol, la rĂ©flexion nâoffre que des rĂ©ponses partielles. Une façon distanciĂ©e, Ă©litiste, et de peu de secours de penser une douloureuse actualitĂ©. (A.Lec. et A.Le.)
Les nouveaux somnambules
GRIMALDI Nicolas