Les nuits de Flores.

AIRA César

Buenos Aires. Dans le quartier de Flores, la crise force un vieux couple à la retraite à livrer la nuit, à pied, des pizzas. Entre guerre des gangs motorisés et arnaques quotidiennes, affrontements des “delivery services” et enlèvements rançonnés, Aldo et Rosita Peyro sont autant confrontés à la vie sociale souterraine du quartier qu’à leurs propres limites. Avec sa délinquance inventive, Flores apparaît comme un monde à part, sans lois (cf. corruption désarmante de la machine judiciaire) mais non dénué de foi dans les miracles en tous genres !  César Aira, écrivain argentin engagé et prolifique, met à nouveau en scène avec sa verve coutumière son quartier de résidence depuis 1967. Comme dans Le manège (NB décembre 2002), l’univers est baroque, parfois onirique. Les rencontres saugrenues sont légion dans ce monde parallèle qui comporte ses rituels et ses légendes. La traduction est remarquable, le rythme enlevé, et l’image du couple vieillissant, aussi complice que fragile, est attendrissante quoique faussée par les véritables identités. L’impunité est de façade dans ce roman où l’absurde le dispute brillamment au témoignage social.