Homme dur et lâche, Justinien contraint sa jeune femme Lise, la narratrice, à héberger sa fille, Yashar, issue d’un premier mariage et orpheline de mère. La solitude, la confrontation perpétuelle, la démission du père amènent ces deux femmes, confinées dans un appartement d’une banlieue difficile, au bord de la folie. Lise se soumet à la violence de Yashar avant de réagir enfin. Dans ce texte rude, libératoire, Lise régurgite ses frustrations, son manque d’amour. Elle, que personne n’écoute, balance à la tête du lecteur son désespoir. L’auteure, sensibilisée au sort des femmes (Sable noir, N.B. mars 2005), laisse cette rage se déverser en un flot de paroles. Tout est exalté : l’asservissement des femmes, le vide affectif, qui tue plus sûrement que les coups, mais aussi le rôle apaisant de la nature. Et quand enfin la tendresse ose se manifester, elle clame ses vertus thérapeutiques. L’écriture épouse la violence des sentiments jusqu’au malaise.
S.B. et M-N.P.