Dès 1835 la Petite Roquette devient une prison pour jeunes. En 1838 y entre Jacques, onze ans, fils de famille, pour « correction paternelle » après un incident mineur. Il y rencontre Narcisse, un insurgé qui a combattu sur les barricades, Charles qui dit être le fils de Victor Hugo et en déclame les vers, le maladif Octave qui cherche son père, le petit Séraphin qui communique avec les oiseaux. Dans ce monde désolé de froid, de faim et de violence, seul l’aumônier est humain. À la suite d’une bagarre, l’isolement cellulaire strict est décidé : le détenu n’a de contacts qu’avec les gardiens. L’univers qui sert de cadre au roman a hélas existé ainsi que le principe d’isolement venu des États-Unis. Bénédicte des Mazery (L’ombre d’un homme, NB mai 2012), les évoque avec un souci de vérité – sources à l’appui – et les stigmatise à travers des personnages de fiction. Le procédé permet d’intensifier l’émotion, mais ses jeunes héros restent flous. Cependant les faits ne sont-ils pas suffisamment parlants ? La satisfaction avec laquelle certaines autorités bien pensantes se félicitent de cet épouvantable système est glaçante. (M.F. et A.Be.)
Les oiseaux de passage
MAZERY Bénédicte des