Chicago, 1985. Le sida décime une bande de jeunes hommes, beaux et brillants. Peu en réchapperont. Le premier à mourir est Nico, chassé par ses parents pour son homosexualité. Fiona, la petite soeur, est là pour soutenir ses copains. Surtout Yale qui veut faire authentifier et exposer des tableaux d’artistes contemporains de la première guerre mondiale… 2015, Fiona retrouve Richard, photographe, le plus âgé des amis, à Paris où elle recherche sa fille, perdue depuis si longtemps…
Les Optimistes de Rebecca Makkai (Chapardeuse, NB octobre 2012) sont des jeunes éprouvés qui combattent et espèrent vivre encore. Les chapitres des deux périodes espacées de trente ans alternent harmonieusement. Mais l’hier occupe quasiment toute la place. Car l’héroïne est hantée par le passé et l’exposition parisienne du photographe ressuscite la génération perdue du début de l’épidémie, faisant écho à celle de Chicago consacrée à une autre génération « sacrifiée ». Dans l’Amérique de Reagan, il s’agit aussi d’une guerre, contre l’opinion homophobe qui stigmatise les malades et fait obstacle à leur traitement. De belles figures émergent, des garçons lucides, souffrant vaillamment, une fille torturée pleine d’empathie, un médecin humain… Bien que long et dense, ce roman poignant, écrit avec humour, sensibilité, restitue magistralement l’ambiance et les tourments d’une époque pathétique. (L.G. et M.Bo.)