Les Patriarches

BEREST Anne

Denise, vingt-deux ans, timide, a adoré son père, acteur bisexuel d’une grande beauté, mort prématurément. Elle connaît tout de sa vie mouvementée, sauf une période, l’année 1985, que sa mère lui occulte. Un marchand d’art douteux pourrait lui en parler. Elle obtient d’enregistrer son récit. Sans grands résultats : il ressuscite des histoires de jeunesse, de trafic de faux… Et elle doit accompagner sur les routes un photographe chargé d’un ouvrage sur les ronds-points. Renvoyée, elle revient à la charge et apprend que son interlocuteur a connu son père pendant un « voyage » dans la fameuse secte du Patriarche, où les toxicomanes étaient sevrés et exploités de brutale manière. Retranscrits dans une langue parlée crue, les enregistrements du marchand d’art forment la trame d’un récit où s’inscrit le quotidien, marginal et triste, de l’héroïne ; son passé familial s’y dévoile lentement, difficilement. Le séjour dans la secte avec les toxicomanes et leurs « cadres » redonne vigueur à une construction jusque-là compliquée. Aux dernières pages, la quête, bizarrement obstinée, du père (La fille de son père, NB décembre 2010) s’explique. La révélation, psychologiquement intéressante, ne suffit pas à sauver ce roman trop ambitieux.