Les Pérégrins

Qu’est ce que voyager veut dire ? C’est à cette question qu’Olga Tokarczuk, romancière polonaise, tente de répondre dans ce gros roman, mosaïque d’histoires hétéroclites sur ceux qu’elle qualifie de pérégrins. Une jeune femme se sauve avec son enfant au milieu des vacances familiales, une autre abandonne le sien, malade, pour vivre dans le métro. Une épouse médecin traverse l’Atlantique pour répondre à la demande d’euthanasie de son premier mari. La soeur de Chopin, elle aussi, traverse l’Europe pour ramener le coeur de son frère à Varsovie… Submergé, voire noyé sous un tel flot de récits morcelés, le lecteur reste perplexe, perd pied et s’interroge sur le fil ténu qui les relie. Le goût récurrent pour les îles intrigue, celui pour les aéroports lasse, celui pour l’anatomie et les dissections agace par sa morbidité. Il y a du talent d’écriture dans cette quête sur le sens du voyage, mais la forme brouillonne qui l’exprime sera sans doute mieux perçue par une sensibilité slave.